Effet Warburg : un mode d’entrée menaçant dans la maladie onco-hématologique - 08/06/24
Résumé |
Introduction |
L’effet Warburg est une complication métabolique rare rencontrée en onco-hématologie. Il résulte d’une dérégulation du métabolisme glucidique au sein des cellules cancéreuses et repose sur la conversion par les cellules tumorales du pyruvate issu de la glycolyse en lactate 1. Il s’exprime biologiquement par une acidose lactique de type B (sans hypoxie ni hypoperfusion tissulaire) pouvant s’associer à une hypoglycémie. Il s’agit d’une complication précoce et grave traduisant une pathologie agressive.
Observation |
Nous décrivons ici le cas d’une patiente de 63ans, sans antécédent, consultant devant l’apparition récente d’adénopathies cervicales s’inscrivant dans un tableau d’altération de l’état général. Le tableau initial était dominé par des épisodes d’hypoglycémies symptomatiques et réfractaires aux tentatives de resucrage par voie intraveineuse. L’examen clinique retrouvait des adénopathies centimétriques cervicales bilatérales isolées.
Sur le plan hématologique : la numération formule sanguine était inflammatoire, Les fonctions rénales et hépatiques étaient préservées. Le taux de LDH était élevé à 4469 UI/L. L’EPP normale. L’ionogramme sanguin faisait état d’une réserve alcaline effondrée, la gazométrie artérielle objectivait un taux d’acide lactique à 12,1 mmol/L, en dehors de tout contexte d’hypoperfusion tissulaire ou de désordre hépatique. Le bilan morphologique, comportant un scanner thoracoabdominopelvien à mis en évidence de multiples adénopathies centimétriques sus et sous diaphragmatiques. Le PET scanner a confirmé le caractère hypermétabolique du syndrome tumoral sans atteinte extra ganglionnaire.
Le diagnostic de lymphome T de type lymphome angio-immunoblastique, a finalement été retenu sur l’examen de la biopsie ostéomédullaire et de la biopsie exérèse d’une des adénopathies cervicales. Devant le caractère réfractaire de cette hypoglycémie, l’instauration d’une corticothérapie systémique a permis une correction rapide des paramètres glycémiques et lactiques. Cette corticothérapie a été interrompue quelques jours à des fins diagnostiques (TEP/Biopsie), entraînant rapidement de nouvelles hypoglycémies. La suite de la prise en charge spécifique a reposé sur une immuno-chimiothérapie adaptée à la pathologie hématologique et a permis une normalisation des paramètres métaboliques.
Discussion |
La présence d’un tableau clinique associant une acidose métabolique lactique B (sans hypoxie tissulaire, instabilité hémodynamique, défaillance hépatique, désordre mitochondrial, ni administration de drogue inductrice d’acidose lactique2), un syndrome tumoral, et une hypoglycémie sévère et réfractaire, doit faire évoquer un effet Warburg. Il s’agit d’une manifestation classiquement rencontrée au cours des néoplasies à forte masse tumorale, ce qui n’est pas le cas de notre patiente. En revanche, la patiente présentait un fort index de prolifération (Ki 67 100 %/LDH>3000 UI/L ce qui conduit à suggérer que l’index de prolifération, au même titre que la masse tumorale, est un facteur déterminant dans la survenue d’un effet Warburg cliniquement significatif.
Conclusion |
L’effet Warburg est une manifestation métabolique rare, potentiellement grave pouvant constituer le mode d’entrée dans une maladie oncologique.
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Vol 45 - N° S1
P. A147 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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